Quand c’est trop, c’est trop picto ! Ou comment déchiffrer les pictogrammes ?

Vous êtes un égyptologue chevronné capable de lire les hiéroglyphes couramment ? Vous savez vous repérer dans un aéroport où tout est écrit en tamoul et trouver les toilettes sans problème ? Vous êtes un enfant d’un an et demi capable d’appuyer sur le bon bouton pour écouter une joyeux refrain ? Alors pas de doute, vous savez parfaitement déchiffrer les pictogrammes.

En effet, le pictogramme a pour objectif d’être compris en un seul coup d’œil et contrairement au logo, le pictogramme n’illustre pas un nom mais incarne une signification qui peut donner accès à « quelques chose ». Le pictogramme puise ainsi sa force dans sa simplicité, dans la représentation graphique et schématique d’un concept.
Simple, clair, toujours réalisé en Flat Design, n’utilisant que des couleurs primaires, son rôle est essentiel pour signaler la présence de quelque chose dans l’espace réel comme dans l’espace virtuel du web : un endroit où manger, où langer son bébé, où observer des oiseaux, où faire du surf, où chercher un contact, où s’inscrire à une formation…

Mais plus que tout, il est universel. L’Esperanto n’ayant pas eu le succès escompté, là où le mot échoue à être compris (Toilettes se dit stranišča en slovène, allez savoir pourquoi !), le pictogramme prend le relais et joue son rôle. Se jouant du mythe de la Tour de Babel, partout dans le monde, quelle que soit la langue et quel que soit l’âge, il indique, signale et mène à bon port. Très utiles dans les lieux qui compte des nationalités multiples ainsi que dans des pays où le taux d’analphabétisme est important, les pictogrammes jouent aussi un rôle social essentiel.

Pour le graphiste, il constitue un défi semblable à ceux que représentent la rédaction d’un Sonnet pour un poète ou la composition d’une Fugue pour un musicien : très contraignant, concentré à l’extrême, réduit à l’essentiel, il ne permet pas le droit à l’erreur et doit être d’une clarté et d’une lisibilité exemplaires. Mais ne communiquer qu’avec des symboles, quel rêve ! Certains graphistes sont devenus des artistes du pictogramme comme Jean Widmer qui a conçu la signalétique et l’identité visuelle des Galeries Lafayette, du Centre Pompidou, des Aéroports de Paris et qui a imaginé tous les panneaux touristiques du réseau routier européen.

Utilisé hier principalement dans les espace publics, il a aujourd’hui conquis le print et le web où il sert tout aussi bien d’indicateur à la croisée des carrefours. Invitant toujours autant les graphistes à une virtuosité sans faille, il s’est enrichi de multiples évolutions, allant des détournements humoristiques à l’adaptation aux nouvelles technologies du quotidien. Utilisé à bon escient sur un site ou une brochure, il sert de point d’ancrage tout en imposant un style et une créativité. Sur un document où la place est comptée, il évite de plus toute surcharge de texte puisque, comme le disait Napoléon : « un petit croquis vaut mieux qu’un long discours » !

Bref, né avec l’écriture, réinventé par chaque génération pour de perpétuelles nouvelles application, le pictogramme est toujours d’actualité. Un vrai jeune homme de 5500 ans !